Sa liste de courses est déjà bien rangée dans la poche avant de son sac isotherme quand le minibus se gare devant sa maison. « C’est l’heure ! » À l’aide d’un marchepied, mais sans aide, Pierre Sacco prend place sur l’un des sièges. Un vendredi après-midi sur deux, le Briotin de 103 ans utilise le Valbriobus pour se rendre sur la zone du Shopping du Val. « Ce service de transport, mis en place par la municipalité, vient en complément du bus à la demande proposé par le ST2B (Syndicat des transports du Bassin de Briey, NDLR) », précise Orlane Antoine, vice-présidente du CCAS. « On avait reçu plusieurs témoignages de personnes âgées qui avaient du mal à transporter leurs courses de l’arrêt de bus à leur domicile. Alors nous avions décidé de faire quelque chose. » La nouveauté, c’est que la mairie possède désormais son propre véhicule.
« On va boire notre café après ? »
Pour faire venir ce carrosse gris devant chez soi, il faut avoir plus de 70 ans et des difficultés pour gagner l’arrêt de bus le plus proche. Ce qui embêtait Pierre, c’est plutôt le retour. « Entre mes sacs de courses et ma canne, ce n’est pas facile. Il y a plein de dames qui me demandaient si je voulais de l’aide. » Un sourire malicieux vient se coller sur son visage. « Ça, ça me plaisait pas mal ! » Ici, le chauffeur du Valbriobus se charge de déposer les courses devant la porte des seniors transportés.
14 h 30, le minibus s’arrête devant chez Brigitte. « Vous êtes en retard aujourd’hui. J’ai failli appeler. » En chemin, la Briotine de « presque 82 ans » partage son enthousiasme à reprendre la route jusqu’au centre commercial. Un pépin de santé l’a bloquée pendant trois mois entre ses murs. « Il ne me faut que deux ou trois trucs. Ma fille va récupérer mon drive ce soir. J’avoue que j’y vais surtout pour sortir de chez moi. » Elle se penche pour capter l’attention de Pierre. « On va boire notre café après ? » Mais le centenaire doit faire vite aujourd’hui. Devant le visage déçu de Brigitte, il improvise une invitation. « T’as qu’à venir chez moi la semaine prochaine ! » Elle ajoute : « Avec les copines ? » Accepté !
« C’est pas de la drague »
Après l’inscription auprès du service à la population, les bénéficiaires indiquent les dates où ils ont besoin d’être transportés, selon un calendrier défini. On leur donne alors l’heure exacte où le minibus passe les chercher. À l’arrivée devant le supermarché, Brigitte place un jeton vert dans la main de Pierre. « Il aime bien aller chercher mon chariot. » L’homme revient quelques minutes après, en conducteur de deux objets à roulettes simultanément. « C’est pas de la drague, hein ! Je suis juste galant », lance-t-il. Les deux amis ont une bonne heure pour arpenter les allées. « Pierre, il y a des promos sur le chocolat que tu adores ! J’ai vu la pub », annonce l’octogénaire en se dirigeant vers les portes tournantes. Ce à quoi le copain de courses répond : « C’est mon secret de longévité, ça ! Tu le sais ? »
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