Machine arrière toute : 3 avril 2017 à Saint-Ail, village meurthe-et-mosellan situé près de Sainte-Marie-aux-Chênes. Un homme alors âgé de 51 ans alerte les secours. Il déclare avoir porté un coup de couteau à l’abdomen de son compagnon de 28 ans. 3 décembre 2024 : plus de 7 ans après les faits, le prévenu est enfin jugé par le tribunal judiciaire de Val de Briey. En son absence et celle de la victime, dont le pronostic vital avait été engagé.
« Chronique d’une mort annoncée »
L’affaire s’est perdue dans les arcanes de la justice. Elle a frôlé les assises. L’auteur présumé a d’abord été mis en examen pour tentative de meurtre , mais les faits ont finalement été requalifiés en violence aggravée. Instruit dans un premier temps à Nancy, le dossier a successivement été renvoyé par les tribunaux correctionnels de Nancy et de Thionville. Ces derniers s’étant déclarés incompétents, en raison de la localisation de l’agression.
Face aux magistrats valdobriotins, Me Pascal Foughali, avocat de la victime, n’a pas fait mystère du contexte de l’époque : « Ce dossier, c’est du Gabriel García Màrquez : Chronique d’une mort annoncée. Ce sont deux pochetrons, deux personnes paumées qui vont se rencontrer huit ans plus tôt par l’intermédiaire du fils du prévenu et qui vont se rapprocher. Deux personnes qui ont l’alcool mauvais. » Le conseil en veut pour preuve plusieurs antécédents, dont une soirée de décembre 2016. « L’intéressé a cassé une bouteille sur le crâne de mon client et lui a arraché un bout d’oreille avec les dents. Bilan : 20 points de suture ! »
Une lame de 10 cm
L’alcool était encore au cœur du début de soirée du 3 avril 2017. La victime avait quitté le domicile du quinquagénaire pour acheter deux bouteilles de vodka. Une violente dispute a éclaté à son retour. Les enquêteurs ont conclu que le prévenu a saisi un couteau de cuisine et a enfoncé la lame de 10 cm au niveau du ventre de son jeune compagnon. Une thèse contestée par Me Cidji Mondelice, avocate du mis en cause : « Le contexte et les déclarations ne sont pas clairs. La victime avait de mauvaises fréquentations. Ce soir-là, elle devait recevoir la visite de quelqu’un qui devait lui procurer de la drogue ! Il n’y avait pas de traces ADN sur le couteau. »
Au final, le tribunal a tenu compte de plusieurs éléments : l’ancienneté des faits, la santé précaire du prévenu et les 17 mois qu’il a passés en détention provisoire. Le quinquagénaire a été condamné à une peine d’emprisonnement de quatre ans avec sursis.
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