Il les repérait principalement parmi sa communauté sur Twitter. Des garçons à l’apparence juvénile, des fans de sa chaine Youtube de vulgarisation scientifique. Les jeunes commentaient ses publications, le youtubeur Experimentboy leur répondait puis leur proposait d’échanger en privé. Il jouait l’ami, le grand frère, puis au bout de quelques jours, il envoyait des photos et vidéos à caractère sexuel et en demandait en retour. Baptiste Mortier-Dumont, de son vrai nom, était jugé, mardi 18 septembre, pour corruption de mineurs devant le tribunal de Val-de-Briey.
Le vidéaste au million d’abonnés sur Youtube, aujourd’hui âgé de 30 ans, est accusé d’avoir profité de sa notoriété et usé de son influence pour faire des avances à de jeunes garçons mineurs. Des sollicitations souvent quotidiennes, comme l’a vécu Quentin, une victime de 13 ans à l’époque. « Je prends conscience de la chose, c’est réel », explique le jeune homme aujourd’hui âgé de 21 ans. « C’est très important pour moi, j’ai pu exprimer mon point de vue. Je pense avoir été entendu, c’est un soulagement. »
« Il faut parler »
« Je tenais à aller au bout, j’ai fait trois heures et demie de route pour que les parents prennent conscience des choses », confie-t-il. « Même si parfois, les enfants ne parlent pas, parce qu’ils ont peur et qu’ils ont envie d’être autonomes, il faut quand même faire attention à leur vie numérique. Pour les enfants en particulier, il faut faire attention avec qui on discute, ne pas faire confiance à tout le monde. Il y a des gens qui sont dangereux et si vous êtes victimes de cela, il faut en parler. »
Les approches de Baptiste Mortier-Dumont étaient souvent couplées avec du chantage émotionnel. Si le jeune homme refusait ses avances, il menaçait souvent de se suicider. Il lui arrivait même d’écrire aux parents des jeunes pour qu’ils laissent leur fils mineur passer des vacances chez lui. Six jeunes ont porté plainte contre Experimentboy. Le procureur de la République requiert dix mois d’emprisonnement avec sursis.
« Les seuls éléments sur lesquels on se base, ce sont des impressions écran »
L’avocat du youtubeur, Maitre Bruno Bourchenin, regrette qu’il n’y ait pas eu de perquisition chez son client. « Telegram, les mails, les photos, les vidéos… En général, ces mesures sont faites dès le début et permettent de déterminer s’il y a une culpabilité qui ne souffre d’aucune contestation. Et là, ça n’a pas été fait », regrette l’avocat. « On est en 2024 et les seuls éléments sur lesquels on se base, ce sont des impressions écran. Je ne dis pas que ce sont des montages bidons, je dis juste que ça aurait permis d’avoir un jugement éclairé. »
« C’est toujours simple de trouver un doute dans un dossier comme celui-ci », réplique Maitre Thomas Kremser, l’avocat des jeunes plaignants. « Son client a refusé de répondre clairement aux questions. Soit il ne connait pas les gens, soit il ne les connait plus. Les vidéos, les photos, les enregistrements, les traces écrites… Il n’a pas donné une seule explication, et ça fait partie du dossier. » La décision sera rendue le 15 octobre prochain.
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